

Qui es-tu ?
Philippe Grandcolas
Tu fais quoi ?
Je suis un scientifique écologue, qui étudie le comportement et l’évolution des Insectes dans les milieux naturels tropicaux.
Comment ça a commencé ? (le déclic)
Étant enfant, j’étais fasciné par les Insectes, leur diversité, leur comportement ; j’avais
envie de comprendre pourquoi ils étaient si divers et d’où venait la diversité de ces êtres minuscules et si variés. J’ai tout de suite pensé à devenir chercheur pour répondre à ces questions. Je me sentais bien dans le milieu naturel, à la fois en paix et curieux de ce que je voyais ; cela me confortait dans ce choix de vie.
Ça a été dur ?
J’ai dû me plier à la discipline des études universitaires, avec les efforts pour acquérir de nombreuses connaissances dans des domaines qui ne m’attiraient pas a priori au début. J’étais plus un passionné qu’un pur fort en thème ! En tant qu’étudiant, j’étais très tôt familier des milieux naturels en Europe et capable de conduire des études scientifiques de base. Aborder ensuite le milieu de la forêt tropicale en Amérique et en Afrique a été un défi lors de ma thèse de doctorat. Ce sont des milieux merveilleux mais aussi parfois difficiles d’approche lorsque l’on étudie des insectes furtifs et nocturnes que l’on doit découvrir dans des habitats parfois très inattendus. La grande majorité des espèces locales sont inconnues et l’on doit partir de zéro ! Il y a aussi parfois des difficultés liées à la situation sociale et politique des pays dans lesquels on travaille qui rendent les missions de terrain incertaines voire dangereuses. Mais il y a aussi évidemment le plaisir de découvrir d’autres cultures, d’autres personnes, d’autres lieux et bien sûr la biodiversité.
Ça vaut le coup d’être un humain de ouf ? Ça te rend heureux ?
Cela rend heureux d’apporter des connaissances nouvelles, et surtout de les partager ! On a envie de dire son étonnement ou son plaisir de la curiosité, du questionnement, de la contemplation, de l’observation, de l’analyse et de la découverte. Et enfin, cela permet aussi de proposer un autre rapport au monde en donnant plus d’importance à la diversité du vivant dont nous faisons partie. De ce point de vue, c’est donc aussi la proposition d’un progrès social in fine.
Ce que tu aimes le plus dans ce que tu fais/ (le moins) ?
J’aime le plaisir de la découverte notamment dans le milieu naturel, mais aussi le plaisir du partage quand on arrive à expliquer à autrui des phénomènes importants et complexes. La richesse de mon métier tient à la combinaison de travail de terrain, de labo, avec des aspects très pratiques et manuels, et des aspects très intellectuels. C’est une source d’équilibre personnel, de mon point de vue.
Ce que j’aime le moins, gérer les multiples structures dont j’ai été responsable, avec le cauchemar de se plier à des règles administratives de plus en plus lourdes et inefficaces.
On peut t’aider ? Réseaux, geste du quotidien, don, mobilisation, autre…
Oui, en partageant le respect du vivant et le respect de la connaissance, en favorisant et en défendant cette attitude au sein de la société. Dans un monde agité par les croyances, les peurs, les frustrations et les clivages absurdes, et dans lequel les aléas environnementaux vont aller croissants, il est important de se recentrer sur ce qui nous rend heureux et altruiste et sur ce qui rend notre monde durable, grâce aux connaissances qui permettent de le faire de manière raisonnée et efficace.
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